La Revue Avicole, vol. 449
Le Cou Nu de Madagascar
Nous avons récemment entretenu nos lecteurs du Cou Nu de Forez et du Cou Nu de
Transylvanie, et nous avons à cette occasion parle du Cou Nu de Madagascar,
comme vraisemblablement l´ancêtre commun de tous les Cous Nus. Nous pensions
évidemment que ce Cou Nu de Madagascar avant disparu depuis longtemps.
Or, il se trouve qu´un de nos membres, M. Gérard Faure, nous a écrit pour dire
qu´il a vécu de longues années á Madagascar et qu´au fond de la brousse, de 1937
a 1944, il a assiste á des combats de coqs organises par des indigènes et que
ces coqs sont bien, en majorité, des Cous Nus de Madagascar, et il pense qu´il
doit exister encore aujourd´hui une certaine quantité de cette race chez les
indigènes par lesquels ils sont solgnes avec beaucoup d´attention.
Il nous est agréable de donner el dessous, avec l´autorisation de M. Faure.
Quelques extraits de ses lettres qui doivent particulièrement intéresser nos
lecteurs.
« Dans cette brousse Malgache, les villages sont dissémines tous les 3 á 4 km,
qui comprennent quelques cases en paille. Le seul divertissement du dimanche,
hormis la chasse, est le combat de coq.
Il n´y a rien d´officiel, mais chacun qui possède un coq se rend au village, et
la provoque un adversaire qui possède aussi un coq. Les paris s`établissent; les
mises étaient à l`époque de 5 à 10F (CFA), ce qui représentait de l´argent,
pulsqu`on achetait le kilo de viande de zébu à 0,50F (CFA), et la journée de
travail d`un ouvrier était de 3 F (CFA).
La plupart de ces valeureux combattants étaient Cou Nu. Ils avaient une
résistance, une fougue et une voracité incroyables.
Les éleveurs pendaient des morceaux de viande que le coq attrapait avalait d`un
coup. Ces coqs devenaient rapidement très carnivores et dechmalent la viande par
la seule force du bec. On les prépare au combat en leur donnant surtout de la
viande très bonne marcle, tei le fole de zébu ou du sanglier. Cette viande était
pendue de plus en plus haut habituer le coq á sauter.
Ces coqs arrivaient à sauter, des fol jusqu`a deux mètres, ce qui est un
excellent exercice pour fortifier leurs jarrets et leurs cuisses.
Après le combat, ces coqs avalent littéralement chaque morceau qu`il peuvent
décrocher de leur adversaire.
Le Cou Nu et les autres Combattants ne sont pas élevés systématiquement. Ce sont
des races qui se propagent de village en village et que le Malgaches amateur de
cette corrida miniature entretient de tous ses soins.
Le Cou Nu de Madagascar est haut sur pattes, avec un cou long et fort, et une
crête aplatie. Il a l´oeil clair et foncé, mais un regard d´aigle. Il a peu de
plumes, mais elles sont colées au corps. Il a les pattes jaunes, les doigts très
écartés et long donnant au coq une très bonne assise.
Ces coqs combattants sont doux avec leur propriétaire. Ils mangent la plupart du
temps des grains, maïs ou riz, dans la main. On commence cette éducation a deux
ou trios mois Le Combattant domine l´ensemble de la basse-cour de sa hauteur et
de sa fierté. L est la plupart du temps d´une fécondité médiocre.
Pour trouver de pareils coqs, il faut aller dans les villages les plus retires
j´habitais dans le canton d´Ambodiriana, district de Tamatave, au village de
Lohomby, à 44 km de Tamatave et notre propriété était à 6 km d´Ambodiriana et à
2 km du village de Lohomby, (qui veut dire «Tête de Bœuf»).
Notre propriété longeait une immense étendue de foret vierge ou vivent les
singes Lémuriens et qui rassemble un véritable trésor de flore et de faune
terrestre. C´est un pays encore très méconnu, mais certainement l´un des plus
rares et des plus beaux du monde. On tirait à la carabine des canards et des
pintades sauvages. Ces derniers vivent en bande de 35 à 40 têtes.
Pour arriver à cet endroit, il faut louer une pirogue et deux piroguiers noirs
et remonter le cours de l´ivolma, magnifiques riviera cotiere. Un cargo porte
son nom. Du port fluvial d Salazarnay a la rivière de Limbria. Il y a 10 km de
canal, le canal des pangalanes, ou des élevages de canards de toutes sortes
abordent, d´élevages rudimentaires, en liberté absolue; ensuite, de la rivière
que l´on remonte à partir de son embouchure, aux village de Lohomby, I y à 24 h
de pirogue, 50 km.
Par la route, qui est très, souvent coupée, il y à 44 km.
Un bon coq se prête gratuitement pour la reproduction aux amis qui le croisent
avec n importe quelle poule. La descend dance est des fois désastreuse et
parfois sensationnelle.
Nous avions beaucoup de poules Cou Nu de Madagascar. J´ignorais a ce moment la
que c`était une race. Elles étaient très bonnes couveuses pondant 20 à 30 oeufs,
avant de couver a nouveau. Elles étaient excellentes mères et conduisaient ses
petits, poussins, canetons ou dindonneaux, qu´elles défendaient âprement contre
n´importe quoi.
La chair de ces volailles était excellente, mais les métropolitains de là-bas
élevaient de préférence des races européennes, Bresse, Faverolles, Leghorn,
Sussex, et á partir de ce moment la, les poules malgaches n´étaient utilisées
que pour couver.
Il y a encore des indigènes qui vivent comme au bon vieux temps pratiquement á
l´état sauvage, mais ils sont très très gentils et accueillants, et á chaque
village, (je parle de ceux en brousse véritable), on vous reçoit avec des
présents, volailles, œufs, etc…
Ainsi, le porc-épic de Madagascar, un peu différent de celui d´Australie et
appelé par les indigènes «Tandraka», est délicieux, meilleur qu´un cochon de
lait a la broche, et hiverne trois mots de l´année, bien qu´il n y a pas d´hiver.
Ils s´enterrent tel des marmottes ou le blaireau.
A l´Île de la Réunion, il existe aussi des Combattantes et des combats de coqs,
mais l´ignore s´il y a des Cou Nus de Madagascar, c´est possible. Pour cela, il
faudrait monter sur les plateaux de Cilaos, ou vivent les «petit blanes»,
descendants de Bretons importes par Surcouf.
Ce petit récit passionnant nous donne Presque envie d´aller à Madagascar et de
découvrir au fin fond de la brousse un monde Presque inconnu et surtout des
animaux aussi rares qu´exceptionnels, et parmi tous ceux-la, ces fiers coqs de
combat de Madagascar qui forment par leur puissance et leur attrait de grands et
importants représentants de notre Aviculture.
Alex Wiltzer, Présidente de la Société Centrale d´Aviculture de France